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(Chose vue) L’homme et l’enfant dans une même pièce. Cuisine. L’homme dispose sur la table une double page d’un journal, des pommes de terre qu’il essaie d’éplucher. L’enfant repousse le journal et déploie ses cahiers. Cahier de lecture. Cahier d’écriture. Cahier de mathématiques. L’enfant sait lire. L’homme sait manier l’économe. L’enfant lit. « Une petite souris se promène dans un bois très sombre. Un renard l’aperçoit de son terrier et la trouve bien appétissante ». L’homme épluche. Il débite, métronome, la pomme de terre dont la pelure s’écrase sur la double page du journal. L’homme écoute l’enfant. L’enfant lit. L’enfant ne regarde pas l’homme qui épluche. L’enfant n’est pas un homme. L’enfant ne sait pas ânonner les syllabes qui forment des mots puis des phrases, et s’arracher du cahier. Regarder l’homme qui écoute ce que dit l’enfant. S’assurer que l’homme écoute les mots de l’enfant. L’homme sait éplucher des pommes de terre et regarder l’enfant qui lit. L’enfant lit. S’arrête. C’est quoi vaillant. L’homme ne dit pas : qui, face au danger, fait preuve de bravoure, de courage. L’homme dit : vaillant c’est comme courageux. L’enfant acquiesce. L’enfant connaît le mot courageux. L’homme doute. L’homme ne sait pas si dire que vaillant c’est courageux est la bonne réponse. L’homme se demande si dire que vaillant c’est comme courageux est la bonne réponse. Si l’enfant demande pourquoi vaillant c’est comme courageux alors pourquoi existent les deux mots. L’homme ne sait pas.

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