11#

(Chose vue) L’homme et l’enfant traversent la grande place. Ils la contournent, traversent de nombreuses rues qui forment une étoile un petit peu bizarre avec ces onze branches dont deux presque parallèles sont gardées par deux grandes statues aux socles blancs interminables desquels émergent deux personnages rudes aux visages difficilement discernables, durs. L’homme tire l’enfant qui rechigne à s’aventurer sur la chaussée parce qu’aucun feu de signalisation n’indique si c’est le tour des piétons ou celui des véhicules. L’homme semble sûr de lui, sa main ferme tire l’enfant et son regard efficace alterne les coups d’œil à droite à gauche. L’enfant regarde son cou et sa tête se mouvoir par à-coups, la violence et la rapidité d’un oiseau en quête d’une proie, un peu comme le font les pigeons qui jonchent les trottoirs de la ville. L’enfant s’imagine que l’homme est un rapace. L’enfant a un peu plus peur que d’habitude de l’homme qui la tire plus fort vers lui. L’homme l’invective. L’homme dit que l’enfant sera en retard à ce cours de danse auquel elle ne veut pas se rendre. L’enfant n’aime pas danser. Pas avec les autres. C’est une lubie de l’homme que de faire danser l’enfant. L’enfant ne sait pas formuler cela. L’enfant ne sait pas dire à l’homme qu’elle aime danser seule dans la chambre qui n’est pas la sienne mais qu’elle occupe chez l’homme mais qu’elle ne veut ni danser face aux autres enfants ni face à la femme qui donne les cours de danse, et les mouvements à répéter.

Aucun commentaire:

Enregistrer un commentaire