(Chose vue) L’homme et l’enfant dans les couloirs. Une fois la
rame quittée et en sécurité sur le quai, l’enfant lâche la main de l’homme et zigzague
dans le couloir. L’enfant respecte les règles, reste près du mur à l’opposé du
quai. L’enfant mesure la distance qui la sépare de l’homme. L’enfant sait
qu’elle doit attendre l’homme dans le virage. L’homme insiste pour qu’elle
reste dans son champ de vision. L’homme veut voir l’enfant déambuler dans le
souterrain surchargé de publicités dont certaines sont augmentées de messages
contreproductifs. Après le virage, l’enfant croise une autre enfant et le temps
de quelques secondes les deux sympathisent et font-elles quelques pas ensemble.
Les deux enfants crient dans les couloirs et ni l’homme ni la femme qui accompagne
l’autre enfant ne répriment l’une ou l’autre. Les enfants sont des enfants et crient
dans les souterrains du métro. À l’intersection de deux couloirs c’est une
drôle de danse que l’enfant et l’enfant perturbent : traverser la foule se
glisser dans les creux et éviter autrui et poursuivre son chemin. L’enfant et
l’enfant s’invectivent. Je suis une princesse. Nous sommes deux princesses. L’enfant
et l’enfant se figent le temps que passe cette femme dont l’homme ne voit que
le dos. Une silhouette. Jeune ou vieille, belle ou non, l’homme ne sait pas. L’homme
ne voit qu’une forme masquée par un fichu blanc et pressée de quitter les
couloirs du métropolitain. Tu as vu ? Une mariée ! Une mariée !
Dit l’enfant à l’enfant.
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