10#

(Chose vue) L’homme et l’enfant dans les couloirs. Une fois la rame quittée et en sécurité sur le quai, l’enfant lâche la main de l’homme et zigzague dans le couloir. L’enfant respecte les règles, reste près du mur à l’opposé du quai. L’enfant mesure la distance qui la sépare de l’homme. L’enfant sait qu’elle doit attendre l’homme dans le virage. L’homme insiste pour qu’elle reste dans son champ de vision. L’homme veut voir l’enfant déambuler dans le souterrain surchargé de publicités dont certaines sont augmentées de messages contreproductifs. Après le virage, l’enfant croise une autre enfant et le temps de quelques secondes les deux sympathisent et font-elles quelques pas ensemble. Les deux enfants crient dans les couloirs et ni l’homme ni la femme qui accompagne l’autre enfant ne répriment l’une ou l’autre. Les enfants sont des enfants et crient dans les souterrains du métro. À l’intersection de deux couloirs c’est une drôle de danse que l’enfant et l’enfant perturbent : traverser la foule se glisser dans les creux et éviter autrui et poursuivre son chemin. L’enfant et l’enfant s’invectivent. Je suis une princesse. Nous sommes deux princesses. L’enfant et l’enfant se figent le temps que passe cette femme dont l’homme ne voit que le dos. Une silhouette. Jeune ou vieille, belle ou non, l’homme ne sait pas. L’homme ne voit qu’une forme masquée par un fichu blanc et pressée de quitter les couloirs du métropolitain. Tu as vu ? Une mariée ! Une mariée ! Dit l’enfant à l’enfant.

Aucun commentaire:

Enregistrer un commentaire