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(Chose vue) L’homme et l’enfant dans le supermarché. Dans la file stationnée à quelques mètres du tapis roulant qu’actionne le pied invisible de la caissière. Un à un, elle passe les codes barres devant la vitre qui abrite le rayon rouge et émet un son aigu à chaque fois que la machine reconnaît l’une ou l’autre des produits sur le tapis. L’enfant répète après la machine. L’enfant imite la machine et se fait sermonner par l’homme qui lui intime l’ordre de se taire. L’homme dit à l’enfant de ne pas imiter la machine. L’enfant se tait. L’enfant tourne autour de l’homme encombré : il tient dans une main une serviette en cuir noir et de l’autre un panier en plastique vert rempli de provisions, enfin, une sacoche en tissu synthétique en bandoulière. L’homme demande à l’enfant d’arrêter de remuer. L’enfant cesse. Elle se tient coite à la droite de l’homme. Entre l’homme et l’enfant, le panier à provisions qui ne contient rien de fameux. De la nourriture utilitaire. Pas de chocolat. Ni de pâte à tartiner. L’enfant demande à l’homme qui répond non avant que l’enfant n’ait terminé sa phrase. L’homme débute un discours pénible. Il est question de dentition, de légumes, de poids idéal. L’enfant n’écoute plus l’homme mais regarde, derrière eux, un rayon achalandé de stylos, cahiers et autre matériel de bureau. Dont une splendide petite corbeille à papier rouge sur laquelle est dessiné, en noir et blanc, un petit garçon en-dessous duquel l’enfant déchiffre l’inscription Le petit Nicolas.

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