#20

(Chose vue) Les sirènes retentissent dans toute la ville et devant la double porte close de l’école. Elles modulent une même note qui monte et descend, et se rehausse et rechute et. Cela dure quelques minutes. La tonalité est entrecoupée par quelques secondes de silences ; et c’est comme ça tous les mois. Chaque premier mercredi de chaque mois les sonneries de l’école rivalisent mal avec les sirènes de la ville. La femme appuyée le dos contre le lampadaire regarde émerger les enfants de l’école. Les enfants hurlent et la femme cherche parmi toutes les têtes celle de l’enfant. Les enfants déferlent et se déversent, à toute vitesse, sur le trottoir si vite et si fort que le second battant de la lourde porte d’entrée en bois sombre cède sous l’épais flot d’enfants. La femme regarde les enfants se disperser vers des hommes et des femmes qu’ils embrassent ou non, desquels ils prennent ou non les mains. La femme constate le flux d’enfants se tarir. La femme remarque une hiérarchie dans ce déferlement : les petits aux cartables rectangulaires épais et lourds sont plus rapides que les grands dont les sacs à dos plus légers tiennent sur une seule épaule, la droite le plus souvent. La femme regarde l’enfant qui se dandine. L’enfant court vers la femme, les pouces à hauteur des aisselles et calés sous les bretelles du cartable. La femme est heureuse. La femme retrouve l’enfant. La femme embrasse l’enfant. La femme prend la main de l’enfant. La femme caresse la tête de l’enfant. Ça va ?

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